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17 avril 2025Blé, olivier et vigne, la triade méditerranéenne

Rédactrice Mayalen Zubillaga
Domestiqués dans le Croissant fertile, le blé, l’olivier et la vigne ont été diffusés dès le IIIe millénaire avant notre ère[1]. Cette triade, qui représente un enjeu économique majeur pour les pays producteurs, est considérée comme un étendard de l'identité méditerranéenne.
Une alliance millénaire
Ils nourrissent, réunissent et symbolisent : le blé, l’olivier et la vigne, autrement dit les trois piliers de la « triade méditerranéenne », ont façonné les paysages entourant la mer du milieu. Au-delà de leur fonction agricole, ils incarnent une histoire et un imaginaire partagés, qui persistent notamment dans les représentations de la diète méditerranéenne.
[1] Estelle Herrscher, Elia Saunier et Sophie-Anne Sauvegrain, « Alimentation », Dictionnaire de la Méditerranée, Actes Sud, 2016.
Le blé
Céréale emblématique – mais non exclusive – de la Méditerranée, le blé, qu’il soit dur ou tendre, est consommé dans une myriade de recettes : bouillies, galettes, pâtes alimentaires, semoules, couscous, boulgour, pâtisseries… Chaque région a développé ses propres spécialités. Quant au pain, il est devenu une expression universelle de commensalité et de convivialité. Le mot « compagnon » ne vient-il pas du latin cum panis, « celui avec qui l’on partage le pain » ?

L’olivier
L’olivier donne, quant à lui, des fruits que l’on déguste sous forme d’olives de table et, surtout, d’huile d’olive. Cette dernière est un ingrédient de base pour la cuisine mais aussi, historiquement, pour les soins cosmétiques ou médicinaux, les rituels religieux et même l’éclairage. Abondamment utilisée par les paysans crétois au moment des travaux d’Ancel et Margaret Keys, promoteurs du « régime méditerranéen » dans la seconde moitié du XXe siècle, elle est intimement attachée au modèle alimentaire de la Méditerranée, malgré la présence d’autres matières grasses tels le beurre, le smen, la graisse de mouton ou même le saindoux.

La vigne
La vigne, enfin, a été rapidement appréciée pour la boisson fermentée issue de ses fruits. Le vin constitue avec l’huile d’olive et, dans une moindre mesure le garum (une sauce de poisson devenue confidentielle en Méditerranée), l’un des produits les plus consommés et commercialisés de l’Antiquité[1]. Quotidien, festif ou sacré, il est également chargé de symboles.
Que l’on songe par exemple à Dionysos ou Bacchus, dieu de la vigne, de l’ivresse, de la fête et de l’ailleurs, ou encore à la place du vin dans l’eucharistie chrétienne.

[1] Estelle Herrscher, Elia Saunier et Sophie-Anne Sauvegrain, « Alimentation », Dictionnaire de la Méditerranée, Actes Sud, 2016.
[2] Katia Schörle, « Le commerce du vin, de l’huile d’olive et du garum dans l’Antiquité », Le Grand Mezzé, Actes Sud/MUCEM, 2021.
Des traditions en mouvement
Si cette triade fondatrice a encore de beaux jours devant elle, le bassin méditerranéen reste composite et marqué par des systèmes alimentaires multiples. La vigne, par exemple, demeure surtout présente dans les régions où la consommation de vin est courante. Creuset humain et carrefour d’échanges, la Méditerranée est par ailleurs un espace en mouvement perpétuel. Elle a vu affluer au fil des siècles de nombreux produits comme les agrumes ou certains légumes qui évoquent, aujourd’hui, les saveurs et les couleurs des cuisines du Sud. La tomate, le poivron ou l’aubergine ont ainsi été importés d’Asie ou du Nouveau Monde. Les Grecs et les Romains ignoraient tout des joies de la ratatouille !
Texte : Mayalen ZUBILLAGA